⏱ Temps de lecture : 4 min

Imaginez un point de rencontres entre plusieurs ruisseaux qui donnent vie à une petite rivière…
Un de ces ruisseaux aurait sa source dans les montagnes de l’éducation nouvelle, de la pédagogie active, des sciences de l’éducation. Un autre de ces ruisseaux traverserait les forêts de l’éducation populaire et de l’économie sociale et solidaire, emmenant avec elle des feuilles et des fruits issus du monde associatif, expériences (plus ou moins bien vécues d’ailleurs), valeurs, rencontres…
Un troisième ruisseau, bouillonnant, arriverait en cascade, sinuant entre des cailloux et dévers lui donnant son mouvement, cailloux et dévers de l’horizontalité, de l’agilité, de la créativité, de la modernité, et ce dernier ruisseau se jetterait directement à la confluence des autres, provoquant des remous et brassant tout cela, pour donner vie, donc, à cette petite rivière…
Un bon nombre d’autres ruisseaux, sources, pluies nourriraient cette rivière… Et bien cette petite rivière, cela pourrait être Scicabulle, association créée en 2015 par divers.es humain.es navigant sur ces ruisseaux sur diverses embarcations, arrivant à différentes vitesses et au fur et à mesure. Et ensemble, ce groupe d’humain aurait complété l’identité de cette rivière, parlant de pouvoir d’agir, d’inclusion, de co-construction, de sobriété, de communication non-violente et mettant en œuvre de la formation, de la facilitation, de l’animation…
La rivière a sinué, et Scicabulle est intervenue auprès de publics très différents au démarrage, avec une palette d’intervention très large : de la grand-parentalité à la formation de délégués de classe, de la conception de balades urbaines interconvictionnelles avec des scouts à un séminaire avec Bouygues, de la facilitation pour un groupe de bûcherons et juristes en foncier forestier à la formation de gendarmes sur l’approche expérientielle pour la prévention des conduites à risque, et on en passe des vertes, des mûres et des moins mûres ! Au démarrage beaucoup dans l’animation et la formation, petit à petit de plus en plus en facilitation tout en gardant et renforçant la formation, définissant pour elle même ce terme de facilitation connu déjà par d’autres, traçant son propre chemin, faisant ses propres expériences, et en tirant ses conclusions…
Et quand on expérimente, parfois on réussit, parfois on se plante, mais quand on se plante, si le terrain est fertile, on pousse ! On a beaucoup poussé… Et en cheminant, diverses questions se posent… Comment inventer une nouvelle manière de travailler au sein d’une association ? Quelle nouvelle complémentarité bénévoles – salariés ? Comment lutter contre les oppressions et déconstruire les conditionnements, en interne et en externe ? L’horizontalité est-elle une illusion ? L’indice unique de salaire et l’absence de hiérarchie formalisée permettent-ils une équité entre salarié.es et permettent-il de s’affranchir des oppressions internes ? Et comment on régule quand il n’y a pas (ou peu) d’arbitre et/ou de chef ? Et les facilitateurs.trices sont ils.elles en capacité de s’auto-faciliter ? Et finalement, c’est quoi l’éducation populaire ? Et le pouvoir d’agir ? Et le grand débat de Macron, on y va ou pas ? Et l’autosocioconstruction des savoirs est-elle obligatoire dans une séance de pédagogie active, et les méthodes d’animation participative peuvent-elles être anti-pédagogie active, comme la butte de culture peut-être anti-permaculturelle ? Bon sur la dernière question il était peut-être tard dans la soirée…
Pour apporter de l’eau au moulin de certaines réflexions, pour diffuser, pour se faire connaître, pour aller de l’avant, on lance un blog. Paf.
Et si vous montiez dans une des embarcations voguant sur la rivière ? On serait ravi de vous accueillir… Une manière de le faire, c’est déjà de nous lire !
Joris Darphin